Une Ragin’ Cajun française: Mélissa Mayeux face à son prochain défi

GEAUX Mayeux! (Crédit: University of Louisiana-Lafayette)

Elle a beau n’avoir que 22 ans, cela fait déjà un petit moment que Mélissa Mayeux brigue la une des journaux. Et si le parcours de ce prodige français du baseball et du softball a déjà été conté plus d’une fois, force est de constater que sa trajectoire remarquable est encore en phase ascendante.

Le nouveau chapitre de sa carrière déjà bien remplie s’ouvrira dans quelques jours à peine : ce vendredi (12 février), pour être précis, lorsque Mayeux et ses coéquipières de l’équipe féminine de softball de L’Université de Louisiane à Lafayette (UL) — les Ragin’ Cajuns — inaugureront leur saison 2021, à domicile, contre les Missouri State Bears.

L’excitation, cela va sans dire, est au summum… tout comme la pression, car au niveau de l’équipe de l’UL, dans la plus haute division (NCAA D1) des sports universitaires américains, la compétition fait rage, et les attentes sont élevées.

Les pronostics de pré-saison classent les Ragin’ Cajuns au 7e rang national ; leur entraîneur, Gerry Glasco — qui a un excellent record de 109-28 en trois saisons — a récemment déclaré que c’était l’équipe la plus talentueuse qu’il ait eu à manager jusqu’ici.

Mélissa Mayeux, qui a rejoint les Cajuns l’année dernière après avoir été transférée du Miami Dade College en Floride, parle en termes tout aussi élogieux de la qualité de l’équipe de 2021.

« L’an dernier, on avait déjà une bonne équipe. Et cette année, c’est vraiment un truc de ouf. On est au moins 15 personnes qui vont vraiment pouvoir frapper quand il le faut, qui vont pouvoir faire des jeux de ouf en défense », a-t-elle déclaré au Baseblog lors d’un récent entretien téléphonique. « Je suis pressée de voir comment ça va se dérouler ».

Une pionnière tout en puissance

La cuvée 2020 de l’équipe jouissait d’un solide record de 18-6 lorsque la pandémie de COVID-19 est venue interrompre brutalement la saison, cinq semaines seulement après son début. Les Ragin’ Cajuns semblaient même s’améliorer au fil de matchs, remportant six de leurs sept dernières rencontres, dont deux contre Sam Houston State — avec un score combiné de 34-0 (!) pour ce qui s’est avéré être leur dernier jour sur le terrain, le 11 mars.

Mélissa connaît elle aussi des débuts impressionnants. Lors de son deuxième match avec l’équipe, elle réussit un home run « walk off » de trois points pour battre l’Université du Texas à San Antonio. Elle frappe trois autres longues balles au cours de la saison, récolte une moyenne au bâton de .294, et avec 19 points, termine deuxième de l’équipe derrière la senior (étudiante de quatrième année) Sarah Hudek.

Pas mal pour une petite Frenchie, pays où le softball reste encore très confidentiel… et pas mal non plus pour quelqu’un qui n’a commencé à vraiment pratiquer ce sport qu’à son arrivée aux États-Unis, en 2017, pour entrer au junior college de Miami Dade.

La première joueuse de la D1 française (Crédit: Glenn Gervot/FFBS)

Son enfance, Mélissa la passe plutôt à jouer avec les garçons au hardball, dans la ville de Montigny-le-Bretonneux, à l’ouest de Paris. Et c’est grâce au baseball qu’elle prend véritablement son envol, lorsqu’en 2015 la Major League Baseball (MLB) prend la décision historique d’inscrire la jeune fille d’alors à peine 16 ans à son International Registration List.

Première joueuse à recevoir cet honneur, Mélissa Mayeux est également la première à jouer non seulement pour l’équipe de France (18U), mais aussi dans la première division française (D1) de baseball, une ligue semi-professionnelle. En 2017, elle joue 23 matchs pour les Cougars de Montigny. L’année d’avant, elle figure au rang des Barracudas de Montpellier, récoltant 12 coups sûrs (hits) en 35 présences à la batte.

Sur le tas

Pourtant, tout aussi douée qu’elle soit au baseball, déménager aux États-Unis signifie changer de sport pour Mélissa, qui doit trouver ses marques sur un terrain plus petit, avec une balle plus grosse et plus souple, et frapper des lancers qui arrivent par en-dessous. Des ajustements qu’elle est en outre obligée d’effectuer en temps réel, contre des adversaires beaucoup plus expérimentées qu’elle.

Un défi de taille que Mélissa relève cependant avec brio : lors de sa première saison au Miami Dade College, elle est nommée « first team all-conference » après avoir terminé avec une moyenne à la batte de .377, la plus élevé de l’équipe, avec huit home runs. Une distinction qu’elle remporte également l’année suivante, en augmentant même sa moyenne à .431 avec six home runs et 10 triples.

Cette performance ouvre la voie à un challenge encore plus grand : celui de gagner sa place, en tant qu’étudiante transférée junior (troisième année) au sein d’une équipe UL déjà pleine de championnes aguerries, dont beaucoup sont des seniors.

Mélissa ne tarde pas à prouver sa valeur : après ce home run dont nous parlions plus haut, lors du deuxième match de la saison 2020, la Française récidive neuf jours plus tard, contre les Tigers de l’Université d’État de Louisiane.

« J’ai découvert Mélissa Mayeux aujourd’hui », déclare alors l’entraîneur Gerry Glasco à l’Acadiana Advocate, le plus grand quotidien de l’État. « Qu’elle ne doute plus jamais d’elle-même. Elle appartient sur le terrain au plus haut niveau du softball universitaire ».

En réalité, la nouvelle venue en est à peine à l’échauffement. Elle frappe des coups sûrs dans neuf de ses 12 dernières apparitions — y compris trois lors du dernier match de l’équipe, avant que la pandémie ne mette tout sur pause place, où elle frappe trois sur trois, avec deux home runs et sept points produits.

Une étoile parmi les étoiles

Inutile de dire que l’arrêt brusque de la saison est une énorme déception pour Mélissa Mayeux et les autres membres de l’équipe, surtout au vu de leur lancée. Vainqueurs de six de leurs sept derniers matchs, les Cajuns sont coupés sur une belle série.

Mayeux aura une année supplémentaire d’éligibilité (Crédit: UL-Lafayette)

Mais à toute chose malheur est bon : en raison de la pandémie de COVID, les joueuses ont droit à une année supplémentaire d’éligibilité, ce qui signifie que Mélissa, par exemple, est toujours techniquement junior — et pourra donc non seulement jouer cette saison, mais également en 2022.

« Avoir une année de plus, c’est une chance, parce que je n’aurais pas eu d’autre opportunité d’être dans une équipe de ce niveau -là avec des joueuses qui sont les All-Americans, les joueuses qui sont vraiment dans le top mondial », comme l’explique la joueuse française de champ intérieur. « C’est vraiment une chance qui aide à progresser et à avoir un autre niveau de jeu sur le terrain, même mentalement ».

Cette extension d’éligibilité est également ce qui fait la profondeur des Ragin’ Cajuns cette saison. Des joueurs comme Summer (Ellyson) Summers, Julie Rawls, Alissa Dalton et Kaitlyn Alderink — seniors l’an dernier — pourront ainsi revenir pour un dernier tour de piste. Et en parallèle, l’équipe est en train d’intégrer de nouveaux talents, notamment par le biais de transferts. Les nouveaux arrivants incluent Jenna Kean et Vanessa Foreman de l’Arizona, ainsi que Ciara Bryan et Justice Milz de l’Université de Géorgie.

Mélissa Mayeux le sait : pour l’équipe dans son ensemble, ce surplus de profondeur est une chance, surtout en plein milieu de la crise sanitaire. Les protocoles de santé pourraient forcer n’importe quel nombre de joueurs, à tout moment, à rater des matchs ; être en mesure d’interchanger des joueuses aux différents postes pourrait s’avérer un réel atout.

L’inconvénient, bien sûr, est que les stars de l’équipe pourraient ne pas jouir d’autant de temps de jeu qu’elles espéraient. Il y a du monde sur le banc, en d’autres termes, et Mayeux le sait bien.

« Notre coach nous a prévenus : il nous a dit qu’avec le potentiel de l’équipe, il ne peut pas se permettre de n’avoir qu’une joueuse sur le terrain, du coup il va y avoir beaucoup de rotations par rapport aux autres années », confie Mélissa.

Pourtant, la plus française des Ragin’ Cajuns est confiante : de l’action, elle en verra, même si ce n’est qu’à la troisième base ou à l’arrêt-cour — et qui sait, à la deuxième.

« On n’a pas encore les résultats du coach, mais j’ai plutôt bien joué dès que je suis revenue [des vacances de Noël en France], donc normalement je ne devrais pas trop m’inquiéter. J’espère… » ajoute-t-elle avec un petit rire. « De toute façon, le principal, c’est de gagner ».

— Benjamin Witte

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