
MEYLAN – C’est avec un œil sur ses joueuses et l’autre sur le ciel que Vincent Costes mène l’équipe de softball des Grizzlys à travers une série d’exercices d’échauffement au Parc de L’île d’Amour, à Meylan, juste à l’est de Grenoble.
Des nuages bas ont menacé de pleuvoir toute la matinée en ce dimanche humide et frais de la mi-mars. Les montagnes enneigées qui s’élèvent au loin de tous les côtés sont partiellement obscurcies.
Mais à l’exception de quelques gouttes ici et là, les averses ont résisté, permettant aux Grizzlys de disputer une paire de matchs contre les Challengers de Zurich, les champions en titre de la première division d’outre-Alpes, en Suisse.
Le printemps approche à grands pas, et malgré le froid dans l’air, « ça fait du bien » rien que d’être sur le terrain, dit Costes, alias Popy Grizzlys, qui dirige l’équipe depuis cinq ans.

D’autant plus compte tenu des problèmes causés ces deux dernières années par la pandémie de COVID-19, qui a contraint la FFBS, l’instance dirigeante du sport en France, à annuler la saison 2020 et à retarder le début de la compétition 2021.
« Ça fait du bien effectivement parce que l’année dernière, c’était une petite saison », explique Costes.
« C’était difficile à gérer pour le collectif et même pour la mobilisation des filles. Là, je pense qu’on est bien parti.»
L’ambiance au Parc de L’île d’Amour est conviviale et digne de l’occasion : ce sont des matchs « amicaux » (hors-concours) pour donner aux équipes un avant-goût de la compétition en direct avant le début de leurs saisons respectives.

Pourtant, sachant qu’il s’agit d’une dernière chance de perfectionner leurs compétences avant les matchs qui comptent, les joueuses des deux côtés sont là pour gagner.
Pour les Grizzlys, les vrais matchs commencent vraiment bientôt. Le jour d’ouverture de la compétition française de softball féminin au plus haut niveau (D1) aura lieu le dimanche 20 mars prochain, lorsque les huit équipes de la ligue (contre cinq la saison précédente) entreront sur le terrain.
Les Saint-Raphaël Comanches, champions en titre, qui dominent la D1 depuis plus d’une décennie, ouvriront leur saison à domicile contre Nice Cavigal, l’une des trois équipes débutantes du championnat. Les Grizzlys jouent aussi leurs ouvertures à domicile, dans leur cas contre les Rabbits de Clapiers-Jacou.

En d’autres termes, la partie a commencé et l’équipe de Grenoble – bien qu’elle ait terminé quatrième sur cinq équipes en 2021, avec un bilan de 2-6 – est optimiste quant à ses chances de faire sensation cette année.
La saison de D1 se jouera en deux phases, explique Costes. Dans la première partie, à partir de maintenant et jusqu’à la mi-juillet, les huit équipes participantes auront toutes la chance de s’affronter.
À partir de là, ils seront classés en fonction de leurs resultats, et les quatre meilleures équipes continueront, à partir de septembre, à concourir pour le titre de champion. Les quatre dernières équipes entreront dans une phase de playdown. Parmi eux, les deux derniers seront reléguées.

L’objectif de Grenoble, explique Popy Grizzlys, est de finir dans les quatre premiers et de tenter une vraie chance au titre.
« L’objectif c’est de se qualifier dans la première phase pour aller batailler pour choper un titre ou un podium au moins en fin de saison », ajoute-t-il.
« Et puis après il y a le Challenge de France, à Saint-Raphaël le weekend du 4/5/6 juin, et là c’est pareil. C’est un tournoi sur trois jours et l’objectif c’est d’aller chercher un podium. »
Les matchs amicaux d’aujourd’hui contre les Challengers leur donnent un regain de confiance supplémentaire. Ils ont mené le premier match tout le long, gagnant 13-7. Le match de l’après-midi est un peu plus difficile et, vers la fin, les visiteurs remontent subitement le score et laissent la défense grenobloise un peu secouée. Mais finalement, les Grizzlys gagnent aussi ce match : 15-10.
Fast and furious
Les Grizzlys se réjouissent notamment de l’arrivée de plusieurs nouveaux visages, dont Capucine Meiss, 16 ans, qui obtiendra sa première chance en D1 softball après avoir gravi les échelons à Grenoble.

Parmi les autres nouvelles venues figurent les sœurs Angélique et Virginie André, qui ont toutes deux passé du temps plus tôt dans leur carrière avec l’éternelle championne Comanches, et Manon Mari, elle aussi ancienne joueuse de Saint-Raphaël.
Elles se joignent à un groupe de joueuses expérimentées dont Elia Kouachi, qui a frappé .348 pour les Grizzlys la saison dernière, Salomé Sergeant (.294) et Alina Kahlo (.263).
« Là on a un bon groupe cette année », insiste l’entraîneur Costes. « On a des nouvelles recrues qui importent vraiment dans le jeu, qui ont un vrai impact, et on récupère une catch, ce qui nous a manqué un peu l’année dernière. »

Ne négligez pas les Grizzlys, en d’autres termes. Et ne dormez pas sur le softball D1 féminin en général !
« C’est un sport qui est rapide », souligne Costes. « Il y a vachement de jeu, et du coup il est très dynamique par rapport au baseball, qui est beaucoup plus lent comme jeu. [Le baseball] c’est beaucoup plus en puissance. Là, il y a moins de puissance mais du coup il y a plus de stratégie. »
« Il faut oser », ajoute-t-il. « C’est sympa le sport féminin. Il a toute sa place dans l’hexagone.»
–Benjamin Witte (photos et texte)